Application « Stop Covid 19 » : entre engouement et incertitudes

Le gouvernement français a récemment affiché sa volonté de créer une application de suivi des personnes contaminées par le virus Covid-19. Il s’agit de la fameuse application nommée Stopcovid19 et dont l’instauration est loin de faire l’unanimité. Aujourd’hui en phase de test, l’application sortira en principe le 2 juin. Entre engouements et incertitudes, zoom sur l’application Stop Covid 19.

Application Stop covid 19 : mode de fonctionnement

L’application fonctionne de manière relativement simple. Cette dernière, qui ne sera en principe pas obligatoire, pourra s’installer sur la base du volontariat. Les personnes ayant installé l’application mettent en marche un système de géolocalisation. Les mobiles enregistrent les références des autres mobiles dans l’historique grâce à une connexion Bluetooth. Une personne se déclare positive au Coronavirus sur l’application. Les personnes l’ayant rencontrée reçoivent une notification en temps réel sur leurs smartphones.

Notons qu’à Singapour, une application similaire s’utilise déjà et permet d’enregistrer toutes les rencontres entre plusieurs personnes dans un rayon fixé à 2 mètres.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui craignent un détournement des informations collectées vers des usages différents. Ces derniers expriment également leur inquiétude quant à une récolte de données peu sécurisée et plus vraiment anonyme. Enfin, cela présuppose que tout citoyen détienne un smartphone et qu’il le conserve avec lui toute la journée. Il doit en même temps activer constamment le Bluetooth, tout en acceptant le téléchargement de l’application. Or, on estime qu’environ 25 % de la population ne possède pas de smartphone, ce taux étant plus élevé chez les citoyens âgés de plus de 70 ans.

Les informations stockées par l’application Stop Covid 19

Une fois que l’utilisateur a installé l’application Stop Covid sur son smartphone, il reçoit une alerte lorsqu’il est en contact avec une personne testée positive au Covid-19. Cela permettra à la personne confrontée à un malade de se faire dépister le plus rapidement possible, dans un objectif de disparition du virus. Néanmoins, les personnes testées positives devront se déclarer spontanément, permettant aux utilisateurs de l’application de recevoir une alerte.

L’application respecte l’anonymat des déclarants, dans le respect du Règlement général sur la Protection des données (RGPD). Cependant, cela pose des questions importantes : quelles données seront collectées et utilisées ? Qui pourra utiliser ces données et comment seront-elles partagées ? Pendant combien de temps ? Autant d’interrogations qui doivent aujourd’hui trouver des réponses concrètes avant la sortie de l’application début juin.

Une application qui ne permettra pas de remonter jusqu’aux malades testés positifs

La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a répondu aux interrogations posées. Elle a précisé que l’application respectera la protection des données dès sa phase de conception. Elle utilisera des pseudonymes et aucune information strictement personnelle. Ainsi, les malades contaminés par le Covid-19 restent anonymes et personne ne pourra remonter jusqu’à eux. L’application ne demandera pas de fournir son état civil ni son adresse, ni encore son numéro de téléphone.

Cependant, qu’en est-il de la géolocalisation ? La CNIL considère que les informations relatives aux déplacements des individus sont indispensables pour avoir une idée de la propagation du virus sur le territoire. La Commission a donc demandé aux opérateurs téléphoniques d’envoyer les données collectées au Centre commun de recherche de la Commission européenne. En conclusion, les données seront anonymisées et utilisées à des fins statistiques.

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